Une loi qui a Duplomb dans l'aile ! - COMMUNIQUE DES ÉCOLOGISTES DE L’INDRE - 22/07/2025

COMMUNIQUE DES ÉCOLOGISTES DE L’INDRE - Le 22 juillet 2025
Nous souhaitons répondre aux propos de Messieurs FORISSIER et PAILLOUX et de Madame BELLUROT, relayés par la Nouvelle République ce mardi 22 juillet concernant la loi Duplomb. A contrario de ces trois personnes, nous estimons que la loi Duplomb ne résoudra pas les problèmes rencontrés par les agriculteurs français, et qu’elle les empirera. Et nous considérons qu’elle aggrave les problèmes de santé publique, de qualité et de disponibilité de la ressource en eau.
Justifier la mise à mal de la santé publique par des considérations de compétitivité internationale n’est pas raisonnable. Les arguments avancés par Mme BELLUROT pourraient nous amener à baisser l’ensemble des normes sociales et environnementales de notre pays, au motif que d’autres font pire. Est-ce bien cela qu’elle souhaite ? En réintroduisant l’acétamipride, la France perd du temps sur les transformations agroécologiques nécessaires. Rappelons au passage que le Plan National de Recherche et d’Innovation, mais aussi le Haut Conseil pour le Climat sont clairs sur le sujet : ce sont d’abord les impacts du dérèglement climatique qui menacent les filières agricoles plutôt que l’interdiction de substances nocives. Retarder les changements ne règlera pas les problèmes. En cela, la loi Duplomb ne prépare en rien l’agriculture française à faire face aux défis qui sont les siens. Au contraire, construire une agriculture résiliente et soutenable, une agriculture agroécologique, serait de nature à être un véritable atout économique pour les filières agroalimentaires françaises.
Les signataires de cette pétition ne manquent pas d’informations et ne sont pas instrumentalisés. Devons-nous rappeler à Monsieur FORISSIER, Madame BELLUROT et Monsieur PAILLOUX que ce ne sont pas seulement les organisations écologistes qui ont pris position contre la loi Duplomb, mais également la ligue contre le cancer elle-même et de très nombreux scientifiques ? Faire croire que les signataires de la pétition manquent d’informations ou sont instrumentalisés par les écologistes et l’extrême gauche (sic. Monsieur Duplomb lui- même), c’est ignorer volontairement les voix issues du monde scientifique et médical, que les parlementaires ne peuvent balayer d’un revers de main. La réintroduction de l’acétamipride n’est pas que l’affaire des betteraviers ou des producteurs de noisettes.
Réduire les oppositions à la loi Duplomb à l’acétamipride n’est pas juste : d’autres dispositions sur l’élevage intensif et le développement des mégabassines posent des problèmes. Les « facilités » accordées à l’installation des deuxièmes par exemple, laissent penser qu’elles ne renverraient qu’à des enjeux agricoles et alimentaires. Là encore, c’est nier que l’eau est une ressource commune à l’ensemble de la société et du vivant. Son usage a des implications sur les milieux aquatiques dont nous dépendons. C’est oublier sciemment que la plupart des hydrologues insistent sur le fait que le « stockage » de l’eau doit se faire d’abord dans les nappes phréatiques et que le premier enjeu est son infiltration à travers notamment la restauration des zones humides. Le cadre posé jusqu’alors pour décider de la construction de telles installations permettait l’objectivation de l’état de la ressource, une démocratie de l’eau où la plupart des usagers ont droit à la parole, et la mise en œuvre de multiples actions pensées dans le cadre d’une gestion systémique de l’eau. Penser que le contournement de ce cadre permettra aux irriguants de vivre décemment et à la ressource en eau d’être préservée est naïf ou cynique.
L’agriculture française a encore un bel avenir, à condition que les parlementaires ne cèdent pas aux lobbys de l’amont (ici les fabricants de pesticides) et de l’aval (ici les sucreries) qui ne cherchent qu’à maintenir un système qui les a enrichis au détriment de la profession agricole dans son ensemble. Système qui se traduit d’années en années par une baisse de la population active agricole. Nous préférerons toujours le développement de systèmes alimentaires territoriaux aux filières agroalimentaires mondialisées, les pratiques agroécologiques à l’utilisation de produits néfastes pour la santé, une gestion systémique et collective de l’eau à l’accaparement d’une ressource aussi précieuse à la vie par quelques-uns. Nous maintenons donc fermement notre opposition à la loi Duplomb qui n’engage pas le pays et l’agriculture dans cette voie. Et nous appelons tous les habitants et habitantes de l’Indre qui se reconnaissent dans cette analyse à signer et faire signer la pétition déposée par Madame PATTERY.
Pour les écologistes de l’Indre, Anne Claude MOISAN LEFEBVRE et Jérémie GODET